Bon anniversaire, OCPA!

Message du Directeur exécutif

Dix années d'existence pour un projet est une preuve de performance et, à tout le moins, d'une prouesse. Dix années d'existence et de continuité pour un projet culturel, une institution de l'esprit est une indication de sa pertinence, de sa consistance et de sa légitimité.

1. L'Histoire retiendra que c'est au terme d'un vaste rassemblement-114 experts représentant tout le continent et 5 Ministres triés sur le volet dans ses 5 régions – que la Consultation panafricaine, organisée à Lomé au Togo en février 1998, au delà de la préparation de l'Afrique à la Conférence intergouvernementale de Stockholm sur les politiques culturelles pour le développement qui devait se tenir 7 mois plus tard, arrivait à la conclusion qu'une structure devait être mise en place pour donner suite aux préoccupations et aux projections que les experts avaient exprimées autour du thème des politiques culturelles pour le développement de l'Afrique sous le regard attentif et bienveillant des gouvernements.

2. Cette préoccupation reformulée par l'Agora 21 de la Conférence à Stockholm qui avait pour thème "la position africaine" devait être reprise sous la forme d'un projet par des rencontres plus restreintes et plus techniques entre 2000 et 2001 pour aboutir en Mai 2002 à une conférence régionale réunie à Maputo au Mozambique consacrant la mise sur pied d'un Observatoire des politiques culturelles en Afrique pour lequel une stratégie d'action était examinée et une constitution et un programme provisoire d'action adoptés.

Ainsi sonnait le lancement de l'OCPA avec , il est vrai, le label d'un projet de l'UNESCO, mais avec la bénédiction de l'Union Africaine naissante et assuré d'un concours logistique indispensable de la Fondation Ford.

3. Cette conjugaison d'efforts devait faciliter, deux ans plus tard, la reconnaissance légale de l'entité et l'établissement d'un secrétariat autonome régulier d'une organisation désormais reconnue internationale et panafricaine chargée de veiller à fournir l'information, à assurer la formation, l'assistance technique et la promotion des politiques culturelles.

4. Dans sa méthode de travail, l'OCPA s'était d'emblée inscrit dans une démarche qui consistait à prolonger les orientations générales de la communauté internationale au travers des Déclarations et Conventions adoptées par l'UNESCO. Mais également en bénéficiant des apports des autres Agences des Nations-Unies, la CNUCED et le PNUD en particulier. A cet égard, se sont imposées les considérations relatives à la relation culture – développement, la sauvegarde et la promotion du patrimoine, le soutien à la créativité comme les ouvertures qui se sont faites avec l'approfondissement de la dimension économique de la culture par des réflexions sur l'économie créative.

Ainsi les indicateurs culturels du développement, la diversité, les itinéraires culturels et le dialogue des civilisations se sont inscrits comme sous-tendant la révision des politiques culturelles légitimes au niveau des Etats comme au niveau des villes et des gouvernements locaux.

L'UNESCO de son côté a salué cette orientation et reconnu à l'OCPA un statut d'organisation internationale non-gouvernementale en relations opérationnelles et en consultation avec elle.

5. Aussi, dès son apparition publique sur le plan international au Forum Universel de Barcelone en 2004, l'OCPA devait initier la conclusion de nombreux accords-cadre de coopération avec des organismes du domaine de la culture comme CULTURELINK, INTERARTS, CULTURE.MONDO, et entreprendre des activités en partenariat avec des organisations comme l'OIF et des fondations internationales non-gouvernementales comme la FONDATION PRINCE CLAUS. Mais, à tout seigneur tout honneur, c'est de l'AECID, Agence espagnole de coopération internationale pour le développement que l'OCPA aura eu un appui substantiel.

6. En Afrique, l'OCPA a pu compter sur un appui ferme de l'Union Africaine qui lui a manifesté un soutien en nature l'associant à toutes ses consultations et réflexions, dans l'élaboration des textes fondamentaux du domaine de la culture et en particulier des politiques culturelles et à l'ensemble des rencontres et projets relevant de ce domaine pour lesquels quelques fois elle lui confiait un rôle de "primus inter pares".

Sur ces pas, l'OCPA devait s'approcher des organisations économiques régionales comme la CEDEAO ou l'UEMOA pour l'Ouest, la CEEAC pour le Centre, l'EAC pour l'Est et la SADC pour le Sud, toutes organisations auprès desquelles un suivi des relations est assuré par des coordonnateurs régionaux de l'Observatoire.

Mais l'OCPA a tissé également des relations de partenariat avec des institutions ou des associations culturelles régionales devenues des références dans les différents secteurs de la culture comme l'AFRICOM, l'EPA et le WAMP pour le patrimoine physique, le CELHTO, le CERDOTOLA et l'ACALAN pour le patrimoine immatériel, le CODESRIA et l'IDEP pour la recherche et le CDEA et le CRAC pour la formation entr'autres.

7. Cependant, s'il considère les services à rendre aux différentes catégories des animateurs et des gestionnaires de la culture, de l'art et du patrimoine, des membres de la société civile intéressée, c'est davantage et directement aux décideurs de la politique culturelle des Etats que l'OCPA s'adresse. Les autorités gouvernementales de leur côté n'ont pas manqué de manifester à l'OCPA leur appréciation et leurs attentions singulièrement à l'occasion des échanges officiels et des panels publics. Ainsi, à titre d'illustration, des rencontres et des panels avec les Ministres du Kenya, à l'Est, en 2005, de Tunisie, au Nord, en 2009, du Cameroun, au Centre, en 2010, du Tchad, au Centre, en 2012, du Nigeria, à l'Ouest en 2010 et en 2012, avec le Ministre de la Zambie, au Sud, en 2011 et bien entendu avec les différents Ministres qui se sont succédés au Département de la culture au Mozambique, à plusieurs reprises.

Les gouvernements locaux de leur côté ont pu exprimer leur intérêt souhaitant voir s'instaurer un dialogue au terme duquel ils s'engagaient à réviser leurs politiques culturelles avec comme préoccupation l'intégration de la dimension culturelle dans la cohabitation des populations, l'accès aux services publics, l'organisation des loisirs, bref, la vie sociale des populations des villes comme Saint-Louis du Sénégal, Ouagadougou au Burkina, Brazzaville au Congo et Maputo au Mozambique.

8. Mais la garantie de la durabilité du programme initié réside dans la mobilisation des compétences et le renforcement des capacités à divers niveaux. L'OCPA peut se féliciter des 10 séminaires de formation organisés à l'intention des administrateurs, gestionnaires et entrepreneurs culturels. Il exprime sa satisfaction d'avoir pu organiser avec succès une dizaine de stages dont les bénéficiaires ont été tous des étudiants universitaires d'Afrique et d'Europe. Ainsi, au delà de la formation limitée se profile à l'horizon un programme de formation de longue durée, de type académique, que les accords en gestation préparent notamment avec l'Institut Supérieur des Arts et de la Culture (ISArC) du Mozambique et avec des Universités d'Europe comme celles de Hildesheim et de Zeppelin en Allemagne.

Définitivement, l'OCPA, à cette étape de sa courte histoire, s'inscrit dans une dynamique d'espérance tourné vers l'avenir nonobstant les aléas de l'inadéquation et de la difficulté pour elle de réunir les ressources matérielles nécessaires au fonctionnement permanent de sa structure opérationnelle.

9. C'est ici qu'un hommage et des remerciements doivent être exprimés.

Hommage à l'UNESCO, en son Siège comme dans la diversité de ses entités opérationnelles pour son soutien constant et mobilisateur. Hommage à l'Union Africaine, pour son appui sans faille et sa confiance inaltérée! Hommage à la Fondation Ford pour les facilités qui ont permis l'accouchement en douceur de l'Observatoire. Hommage à l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement qui a permis à l'Organisation de maintenir le cap, d'étendre son action et de conquérir de nouveaux espaces. Merci pour les sponsors significatifs, TRUSTAFRICA et Prince Claus Fund. Merci aux partenaires d'ici et de là pour le témoignage de leur amitié. Merci aux experts et aux nombreux acteurs de la vie culturelle engagés à la recherche des voies et moyens pour inscrire la dimension culturelle au coeur de la politique, sa vision , ses missions et ses objectifs.

10. L'OCPA, célébrant son dixième anniversaire, étend les manifestations programmées sur une période allant de Novembre 2012 à Décembre 2014. En ouverture, un Atelier sera organisé à Maputo le 29 novembre en coopération avec l'Institut supérieur des arts et de la culture, ouvert par une séance académique pour la circonstance. Pour sa clôture, une grande conférence internationale est programmée et couplée avec une conférence régionale sur le thème des Itinéraires culturels.

D'ores et déjà, un appel est lancé au monde de la culture, au monde du développement et de la coopération pour préserver le précieux acquis, manifestant et renouvellant ainsi leur soutien à l'initiative de l'OCPA, à l'idéal défendu par l'OCPA, celui de mettre la culture au coeur du développement par un engagement politique conscient et volontaire. Ils témoigneront par ce fait d'un engagement pour la défense et l'illustration de la civilisation africaine contemporaine inscrite au frontispice de la quête pour la renaissance culturelle de l'Afrique, au centre de l'Agenda de l'Union Africaine, dans un élan d'une solidarité internationale respectueuse et agissante.

Lupwishi Mbuyamba
Directeur exécutif de l'Observatoire des politiques culturelles en Afrique

Maputo, 21 Mai 2012